Biographie

Enfance

Né à Genève le 5 mars 1915, Paul Zumthor doit son patronyme à son grand-père paternel, de souche paysanne alémanique, qui s'était établi à Genève à la fin du XIXe siècle.
Son père, d'abord engagé dans une usine comme comptable, part travailler en banlieue parisienne : la famille Zumthor s'y installe en 1923.
Faisant ses études secondaires à Orléans, dans une institution religieuse, Paul Zumthor commence à écrire des poèmes dès l'âge de 14 ans. Après avoir passé le baccalauréat, il retourne en banlieue parisienne et s'inscrit à l'université, en Lettres et en Droit ; dès le début de ses études, le Moyen Âge attire son intérêt.


Années de formation

À la mort de son père, à la fin de sa première année d'université, Paul Zumthor doit chercher du travail. Il donne des leçons, se concentrant, pour ce qui est des études, sur les Lettres et sur le Moyen Âge. Rencontrant Gustave Cohen à la Sorbonne, il entre dans le groupe de théâtre des Théophiliens. De retour à Genève à l'automne 1936, il suit les cours de Marcel Raymond sur la poésie, rencontre Jean Rousset.
En Suisse, Paul Zumthor travaille à sa thèse sur Merlin, thèse qu'il soutient en 1942 à l'université de Genève devant un jury présidé par Marcel Raymond et composé notamment de Gianfranco Contini et de Walther Von Wartburg.


Construction d'un parcours

En 1948, alors que Paul Zumthor a 33 ans, Walther Von Wartbug le recommande à l'université de Groningue qui recherche un romaniste. Trois ans plus tard, c'est une chaire de titulaire à l'université d'Amsterdam qui lui est proposée, poste qu'il accepte et qu'il occupe pendant 19 ans.
Son désir de « changements radicaux » dans les activités enseignantes et ses interrogations sur la fonction sociale de l'université coïncident avec l'éclatement de mai 68, mouvement durant lequel Paul Zumthor se place du côté des étudiants, animé de la conviction qu'il faut « mettre en cause le côté institutionnel de l'enseignement […] » (Ecriture et Nomadisme, p. 21).


Ruptures et construction d'une oeuvre

À l'automne 69, des collègues parisiens lui proposent de venir deux jours par semaine faire cours à la nouvelle université de Vincennes, proposition qu'il accepte. Après ce nouveau départ, c'est pour les États-Unis en 1971 que Paul Zumthor s'envole, avant de s'installer à Montréal.
Cette période est marquée par des enseignements donnés tout autour du monde : son séjour en Afrique en 1980-1981, notamment, lui fait découvrir la poésie orale et lui donne envie de se remettre à l'écriture. Ces voyages se retrouvent d'ailleurs dans ses fictions : La fête des fous s'inscrit dans la lignée de ses séjours en Eurasie, Le puits de Babel s'inspire de sa visite du Proche Orient et Midi le juste de sa découverte de l'Afrique et de la Chine.


Sous le signe de l'inachèvement

Dans les derniers mois avant sa retraite, Paul Zumthor écrit Parler du Moyen Âge ; une fois la retraite prise, c'est sur La traversée, La mesure du monde et sur des poèmes qu'il travaille.
Paul Zumthor reçoit le titre de docteur honoris causa de l'université de Université Paris Nanterre le 14 mai 1993.
Il s'éteint en pleine rédaction de Babel ou de l'inachèvement en 1995 , laissant ces mots : « Voici, au moment où je forme ces lignes, que j'atteins mon quatre-vingtième anniversaire (…). La vie a été trop longue et trop brève ; rien encore ne m'en annonce avec urgence la fin. Et pourquoi, diable ? la 'fin' ? A chaque retombée de l'élan, on rebondit, et se ranime le désir d'être, de faire le mur, de courir au devant de… quoi ? C'est ainsi qu'on existe, et que rien jamais ne s'achève » (Babel, p. 221).

Mis à jour le 05 octobre 2015